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La Bonne Femme la crut, & au bout de quelque temps elle ſentit une grande ſatisfaction. Les jeunes Bergers ſe trouvoient auſſi fi contens, qu’ils ne deſiroient que la continuation d’une fortune ſi agreable. Leurs plaiſirs quoyque tranquiles ne laiſſoient pas d’être vifs. Ils ſe voyoient tous les jours, & les jours leur ſembloient encore trop courts.

Le mauvais Roy apprit qu’ils étoient chez Madame Tu Tu : mais tout ſon pouvoir ne les en pouvoit pas ôter. Il ſavoit toutes les diſpoſitions de ſes charmes ; il vit bien qu’il ne les ſauroit avoir que par ruſe. Il n’avoit pû habiter dans la maiſon des Roſes, par les malices continuelles que Madame Tu Tu luy faiſoit. Il l’en haïſſoit plus, auſſi bien que la Bonne Femme, & cette haine même retomboit juſques ſur ſon fils.

Il employoit toute ſorte de ſtratagemes pour avoir en ſa puiſſance quelqu’un de ces quatre jeunes Bergers : mais ſon pouvoir & ſes artifices ne s’étendoient pas ſur les terres de Madame Tu Tu.

Un jour malheureux (il eſt de tels que l’on ne peut éviter) ces aimables Bergers avoient porté leurs pas du côté