Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/30

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petite chambre. Agitant de nouveau leur conſeil pour leur donner des emplois où elles les viſſent ſuccomber, elles dirent à Deſirs d’aller ſur le bord de la mer écrire ſur le ſable, avec ordre exprés que ce qu’elle y mettroit ne s’effaçât jamais : & commanderent à Plus belle que Fée de ſe rendre au pied du Mont avantureux, de voler au haut, & de leur apporter un vaſe plein d’eau de vie immortelle. Pour cet effet elles lui donnerent des Plumes & de la cire, afin que ſe faiſant des aîles elle ſe perdît comme une autre Jeare. Deſirs & Plus belle que Fée ſe regarderent à cet affreux commandement, & s’embraſſant tendrement elles ſe quitterent, comme en ſe diſant le dernier adieu. On en conduiſit une prés du rivage, & l’autre au pied du Mond avantureux.

Quand Plus belle que Fée ſe vit ainſi ſeule, elle prit les plumes & la cire, & les acommodoit fort mal ; aprés avoir travaillé tres inutilement, elle tourna ſa penſée vers Phraates : Si vous m’aimiez, dit-elle, vous viendriez encore à mon ſecours. À peine eut elle achevé le dernier mot, quelle le vit devant ſes yeux, plus beau mille fois que la nuit derniere.