Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/31

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Le grand jour lui étoit fort avantageux Doutez vous de mon amour, lui dit-il, eſt il rien de difficile pour qui vous aime ? Lors il la pria d’ôter une partie de ſes habits, & ayant pris ſa récompenſe ordinaîre, qui étoit un baiſer ſur ſa main, il ſe transforma tout d’un coup en Aigle. Elle eut quelque chagrin de voir changer ainſi cette aimable figure, qui ſe mettant à ſes pieds en étendant les aîles, lui fit aiſément comprendre ſon deſſein. Elle ſe baiſſa ſur lui, & ſerrant ſon col ſuperbe avec ſes beaux bras, il s’éleva doucement en haut. On ne ſauroit dire quel étoit le plus content, ou d’elle d’éviter la mort, en executant les ordres qu’on lui avoit donnez, ou lui d’être chargé d’un fardeau ſi precieux.

Il la porta doucement au haut du Mont, où elle entendit une agreable harmonie de mille oiſeaux qui vinrent rendre hommage au divin oiſeau qui l’avoit portée. Le haut de ce Mont étoit une plaine fleurie, entourée de beaux Cedres, au milieu deſquels étoit un petit ruiſſeau, qui couloit ſes eaux argentées ſur un ſable d’or ſemé de diamans brillans. Plus belle que Fée ſe courba