Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/44

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deux Tourterelles luy annonçoient par leur amour ce qu’elle devoit eſperer de celuy de Phraates. La terre étoit tout autour couverte de fraiſes, & de toute ſorte des plus excellens fruits, elle en mangea, & ſe trouva auſſi raſſaſiée & auſſi forte que ſi c’eût été des meilleures viandes. Un ruiſſeau qui couloit tout auprés ſervit à la deſalterer. Ô ſoins de mon amant ! s’écria-t-elle, quand elle ſe trouva ſatisfaite, que vous m’étiez neceſſaires ! je ne murmure plus, mais ne me donnez pas tant, & montrez vous.

Elle eût pourſuivi ſi elle n’eût apperceu la Biche aux pieds d’argent qui étoit ſur ſon cul, & qui la regardoit tranquîllement. Elle crut à cette fois la tenir, elle lui preſenta d’une main une poignée d’herbe ; & de l’autre elle tenoit ſon cordon ; mais la Biche s’éloigna à petits bonds, & quand elle avoit un peu couru, elle s’arrêtoit & la regardoit. Elles firent cet exercice toute la journée. La nuit vint & elle ſe paſſa comme l’autre. Le réveil fut pareil au premier, & quatre jours & quatre nuits ſe paſſerent de même façon. Enfin la cinquiéme matinée Plus belle que Fée en ouvrant les yeux crut voir une clarté plus brillante