Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/61

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tes couleurs ; & quand elle entendoit la voix de la Fée, elle les détachoit, les mettoit en bas, & la Fée montoit.

Un jour que Perfinette étoit ſeule à ſa fenêtre, elle ſe mit à chanter le plus joliment du monde.

Un jeune Prince chaſſoit dans ce temps-là, il s’étoit écarté à la ſuite d’un Cerf ; en entendant ce chant ſi agréable, il s’en approcha & vit la jeune Perfinette, ſa beauté le toucha, ſa voix le charma. Il fit vingt fois le tour de cette fatale Tour, & n’y voyant point d’entrée, en penſa mourir de douleur ; il avoit de l’amour, il avoit de l’audace, il eût voulu pouvoir eſcalader la Tour.

Perſinette de ſon côte perdit la parole quand elle vit un homme ſi charmant : elle le conſidera long-temps toute étonnée : mais tout à coup elle ſe retira de ſa fenêtre, croyant que ce fut quelque monſtre, ſe ſouvenant d’avoir oüi dire qu’il y en avoit qui tuoient par les yeux, elle avoit trouvé les regards de celui-cy trés-dangereux.

Le Prince fut au deſeſpoir de la voir ainſi diſparoître ; il s’informa aux habitations les plus voiſines de ce que c’étoit, on luy apprit qu’une Fée avoit fait bâtir