Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/62

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cette Tour, & y avoit enfermé une jeune fille. Il y rodoit ſous les tours ; enfin il y fut tant, qu’il vit arriver la Fée, & entendit qu’elle diſoit : Perſinette, deſcendez vos cheveux, que je monte. Au même inſtant il remarqua que cette belle perſonne défaiſoit les longues treſſes de ſes cheveux, & que la Fée montoit par eux, il fut tres-ſurpris d’une maniere de rendre viſite ſi peu ordinaire.

Le lendemain quand il crut que l’heure étoit paſſée que la Fée avoit accoûtumé d’entrer dans la Tour, il attendit la nuit avec beaucoup d’impatience, & s’approchant ſous la fenêtre il contrefit admirablement la voix de la Fée, & dit : Perſinette, deſcendez vos cheveux, que je monte.

La pauvre Perſinette abuſée par le ſon de cette voix, accourut & détacha ſes beaux cheveux, le Prince y monta, & quand il fut au haut, & qu’il ſe vit ſur la fenêtre, il penſa tomber en bas, quand il remarqua de fi prés cette prodigieuſe beauté : neanmoins rappellant toute ſon audace naturelle, il ſauta dans la chambre, & ſe mettant aux pieds de Perſinette, il luy embraſſa les genoux avec