Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/65

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lorsqu’elle se trouva entre les bras de son mari, qui étoit accouru à la nouvelle de cet accident. Cette reconnoissance fut accompagnée de toute la joir & de toute la trendresse que peuvent éprouver, après un longue absence, deux personnes qui s’aiment véritablement.

Au bruit de cet événement, l’ancien roi, & tous les barons, charmés de devoir la liberté de l’Angleterre à un chevalier de si haute réputation, vinrent faire compliment au comte & à la comtesse, qui leur donnèrent une fête magnifique. Mais au milieu des festins & des réjouissance dont elle fut accompagnée, le nouveau roi soupiroit après sa retraite, & il songeoit à y retourner. Il commença donc par quitter les habits royaux, & rendit à l’ancien roi toute l’autorité dont celui-ci s’étoit dépouillé en sa faveur. Ensuite il recommanda sa femme & son fils à ce prince, qui lui promit d’en avoir soin, & fit sur le champ le jeune comte grand connétable d’Angleterre, en lui donnant outre cela une partie du royaume de Cornouailles. Enfin, après les plus tendress adieux, le comte reprit le chemin de son désert, où il s’enferma, uniquement occupé du service de dieu, & du soin de pleurer ses péchés.

Ce saint homme s’occupoit à lire l’arbre des batailles, & cette lecture l’engageoit de plus-en-plus à remercier dieu des graces qu’il lui avoit faites pendant qu’il avoit suivi l’ordre de chevalerie, lorsque