Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/11

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lui apprenant qu’il y avait en France un conteur spirituel et naïf à la fois qui continuait les Mille et une Nuits, cette grande œuvre non terminée que M. Galland s’était fatigué de traduire, et cela comme si les conteurs arabes eux-mêmes les lui avaient dictées ; que ce n’était pas seulement un pastiche adroit, mais une œuvre originale et sérieuse écrite par un homme tout pénétré lui-même de l’esprit et des croyances de l’Orient. La plupart de ces récits, il est vrai, Cazotte les avait rêvés au pied des palmiers, le long des grands mornes de Saint-Pierre ; loin de l’Asie sans doute, mais sous son éclatant soleil. Ainsi le plus grand nombre des ouvrages de cet écrivain singulier a réussi sans profit pour sa gloire, et c’est au Diable amoureux seul et à quelques poëmes et chansons qu’il a dû la renommée dont s’illustrèrent encore les malheurs de sa vieillesse. La fin de sa vie a donné surtout le secret des idées mystérieuses qui présidèrent à l’invention de presque tous ses ouvrages, et qui leur ajoutent une valeur singulière que nous essayerons d’apprécier.

Un certain vague règne sur les premières années de Jacques Cazotte. Né à Dijon en 1720, il avait fait ses études chez les Jésuites, comme la plupart des beaux esprits de ce temps-là. Un de ses