Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/141

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présence d’esprit ; je doublai la dose. Comme l’heure s’avançait, je dis à mon page, qui s’était remis à son poste derrière mon siége, d’aller faire avancer ma voiture. Biondetto sort sur-le-champ, va remplir mes ordres. « Vous avez ici un équipage ? me dit Soberano.

— Oui, répliquai-je, je me suis fait suivre, et j’ai imaginé que si notre partie se prolongeait, vous ne seriez pas fâchés d’en revenir commodément. Buvons encore un coup, nous ne courrons pas les risques de faire de faux pas en chemin. »

Ma phrase n’était pas achevée, que le page rentre suivi de deux grands estafiers bien tournés, superbement vêtus à ma livrée. « Seigneur don Alvare, me dit Biondetto, je n’ai pu faire approcher votre voiture ; elle est au delà, mais tout auprès des débris dont ces lieux-ci sont entourés. Nous nous levons ; Biondetto et les estafiers nous précèdent ; on marche.

Comme nous ne pouvions pas aller quatre de front entre des bases et des colonnes brisées, Soberano, qui se trouvait seul à côté de moi, me serra la main. « Vous nous donnez un beau régal, ami ; il vous coûtera cher.

— Ami, répliquai-je, je suis très-heureux s’il