Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/147

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— Si vous avez fait plus que vous ne me devez, si je vous dois de reste, donnez votre compte ; mais je ne vous réponds pas que vous soyez payé promptement. Le quartier courant est mangé ; je dois au jeu, à l’auberge, au tailleur…

— Vous plaisantez hors de propos.

— Si je quitte le ton de plaisanterie, ce sera pour vous prier de vous retirer, car il est tard, et il faut que je me couche.

— Et vous me renverriez incivilement, à l’heure qu’il est ? Je n’ai pas dû m’attendre à ce traitement de la part d’un cavalier espagnol. Vos amis savent que je suis venue ici ; vos soldats, vos gens m’ont vue et ont deviné mon sexe. Si j’étais une vile courtisane, vous auriez quelque égard pour les bienséances de mon état ; mais votre procédé pour moi est flétrissant, ignominieux : il n’est pas de femme qui n’en fût humiliée.

— Il vous plaît donc à présent d’être femme pour vous concilier des égards ? Eh bien, pour sauver le scandale de votre retraite, ayez pour vous le ménagement de la faire par le trou de la serrure.

— Quoi ! sérieusement, sans savoir qui je suis…

— Puis-je l’ignorer ?

— Vous l’ignorez, vous dis-je, vous n’écoutez