Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/270

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— Vous ne me connaissez pas, Alvare, et me ferez cruellement souffrir avant de me connaître. Il faut qu’un dernier effort vous dévoile mes ressources, et ravisse si bien votre estime et votre confiance, que je ne sois plus exposée à des partages humiliants ou dangereux ; vos pythonisses sont trop d’accord avec moi pour ne pas m’inspirer de justes terreurs. Qui m’assure que Soberano, Bernadillo, vos ennemis et les miens, ne soient pas cachés sous ces masques ? Souvenez-vous de Venise. Opposons à leurs ruses un genre de merveilles qu’ils n’attendent sans doute pas de moi. Demain, j’arrive à Maravillas, dont leur politique cherche à m’éloigner ; les plus avilissants, les plus accablants de tous les soupçons vont m’y accueillir : mais doña Mencia est une femme juste, estimable ; votre frère a l’âme noble, je m’abandonnerai à eux. Je serai un prodige de douceur, de complaisance, d’obéissance, de patience, j’irai au-devant des épreuves. »

Elle s’arrête un moment. « Sera-ce assez t’abaisser, malheureuse sylphide ? » s’écrie-t-elle d’un ton douloureux.

Elle veut poursuivre ; mais l’abondance des larmes lui ôte l’usage de la parole.

Que devins-je à ces témoignages de passion, ces