Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/297

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NOTES.




Nous donnons ici le premier dénoûment, que l’auteur a changé, selon le compte qu’il en rend dans l’épilogue qui est à la fin de la nouvelle.


Après ces mots : « d’un gentilhomme enfin », il y avait :


Elle voulut insister, j’étais devenu inflexible. M’imputant le malheur des miens, j’eusse exposé ma tête à tous les risques, et eussé-je pu redouter des châtiments, j’étais déterminé à les affronter, à les souffrir, plutôt que de demeurer en proie aux remords qui déchiraient mon cœur.

C’était dans cette disposition que je m’avançais vers les murs qui m’avaient vu naître, et que je devais trouver bientôt remplis du deuil que j’y avais causé. Les mulets, quoique forts, ne marchaient pas assez vite au gré de mon impatience : « Fouette donc, malheureux, fouette ! » disais-je au muletier. Il fouette ; et, en effet, les mulets hâtent le pas.

Je découvrais déjà, mais d’assez loin, le sommet des tours du château ; pour animer encore davantage les animaux qui me tirent, je les aiguillonne avec la pointe de mon épée ; ils ruent, ils prennent le mors aux dents. Bientôt on ne les voit plus courir, ils volent. Le postillon, démonté, est jeté dans une ornière ; les rênes, retombées en avant, ne peuvent plus être saisies par moi ; je crie, je m’emporte ; on s’effraye, on s’écarte, on fuit sur mon passage ; enfin, je traverse comme un orage le village de Maravillas, et suis emporté à six lieues au delà, sans que rien mette obstacle à la force invincible qui entraîne ma voiture. Je me fusse précipité mille fois, si la rapidité du mouvement m’en eût laissé les moyens.