Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/82

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En général, il se fait peu d’illusions sur le triomphe de sa cause ; ses lettres sont remplies de conseils qu’il eût peut-être été bon de suivre, mais le découragement finit par le gagner en présence de tant de faiblesse, et il en arrive à douter de lui-même et de sa science :

« Je suis bien aise que ma dernière lettre ait pu vous faire quelque plaisir. Vous n’êtes pas initié ! applaudissez-vous-en. Rappelez-vous le mot : Et scientia eorum perdet eos. Si je ne suis pas sans danger, moi que la grâce divine a retiré du piège, jugez du risque de ceux qui restent… la connaissance des choses occultes est une mer orageuse d’où l’on n’aperçoit pas le rivage. »

Est-ce à dire qu’il eût abandonné alors les pratiques qui lui semblaient pouvoir agir sur les esprits funestes ? On a vu seulement qu’il espérait les vaincre avec leurs armes. Dans un passage de sa correspondance il parle d’une prophétesse Broussole, qui, ainsi que la célèbre Catherine Théot, obtenait les communications des puissances rebelles en faveur des jacobins ; il espère avoir agi contre elle avec quelque succès. Au nombre de ces prêtresses de la propagande, il cite encore ailleurs la marquise d’Urfé, « la doyenne des Médées françaises, dont le