Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/97

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touchante image de l’héroïsme filial, émurent des instincts généreux dans une partie de la foule : On cria grâce de toutes parts. Maillard hésitait encore. Michel versa un verre de vin et dit à Élisabeth : « Écoutez, citoyenne, pour prouver au citoyen Maillard que vous n’êtes pas une aristocrate, buvez cela au salut de la nation et au triomphe de la république ! »

La courageuse fille but sans hésiter ; les Marseillais lui firent place, et la foule applaudissant s’ouvrit pour laisser passer le père et la fille ; on les reconduisit jusqu’à leur demeure.

On a cherché dans le songe de Cazotte cité plus haut, et dans l’heureuse délivrance chantée par la foule au dénoûment de la scène, quelques rapports vagues de lieux et de détails avec la scène que nous venons de décrire ; il serait puéril de les relever ; un pressentiment plus évident lui apprit que le beau dévouement de sa fille ne pouvait le soustraire à sa destinée.

Le lendemain du jour où il avait été ramené en triomphe par le peuple, plusieurs de ses amis vinrent le féliciter. Un d’eux, M. de Saint-Charles, lui dit en l’abordant : « Vous voilà sauvé ! — Pas pour longtemps, répondit Cazotte en souriant tristement…