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MEMOIRES DE BENVENUTO CELLINI

des ordres en conséquence et se leva de table. Le cardinal m’envoya chercher sur-le-champ, avant que le signor Pier Luigi le sût, car il ne m’aurait laissé sortir de prison à aucun prix.

À quatre heures de la nuit, deux nobles gentilshommes du cardinal de Ferrare vinrent me tirer de ma prison et me conduisirent auprès de Son Excellence, qui m’accabla d’amitiés et me donna, dans son palais, un logement ou je trouvai toutes mes aises.

Messer Antonio, qui avait succédé à son frère le gouverneur, exigea que je payasse toutes les dépenses que j’avais faites au château, et tous les frais que réclament les sbires et autres gens de cette sorte. Il ne tint aucun compte des volontés que son frère avait exprimées à mon égard. Il m’en coûta bien des dizaines d’écus, et cela parce que le cardinal me dit de veiller sur moi si la vie m’était chère, attendu que, s’il ne m’avait pas retiré de prison le soir même, je n’en serais jamais sorti, et que déjà le pape regrettait vivement de m’avoir relâché.