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SIXIÈME PARTIE

racle les corniches, les feuilles, poli jusqu’à ce que ce soit comme un ivoire. Quelquefois (pour le trop de choses et de travaux que tu a à faire) tu peux polir les corniches et les feuilles simplement avec un morceau de linge mouillé, tourné sur un petit bâton, en frottant bien sur les dites feuilles et corniches.

CXXII.Comment on commence à dessiner son tableau avec le charbon, et comment on raffermit avec l’encre.

Le plâtre, une fois bien ras et poli comme l’ivoire, la première chose que tu dois faire est de dessiner sur ce panneau ou tableau avec ces charbons de saule, que je t’ai auparavant enseigné à faire. Mais il faut lier ce charbon à une petite canne ou baguette, afin qu’il soit de la longueur de la figure ; tu le trouveras ainsi plus agréable pour composer. Aie aussi une plume prête pour que si un trait ne te parait pas réussi, tu puisses l’enlever avec la plume et le recommencer. Dessine d’une main légère, ombre les plis et le visage comme tu le ferais avec le pinceau ou la plume dans les dessins qui lui sont particuliers. Quand tu as fini de dessiner ta figure (surtout si c’est un panneau de grand prix et dont tu attends gain et honneur) laisse en repos quelques jours, retournant la voir de temps en temps et retouchant partout où cela parait nécessaire. Quand ton ouvrage te semble fort près du bien, si tu peux copier et voir des choses faites par les grands maîtres (n’en aie pas de honte, ta figure s’en trouvera mieux)[1] ; reprends la dite plume, frotte peu à peu sur ton dessin tant que tu l’aies presque entièrement fait disparaître, mais pas assez pour que tu perdes tout-à-fait la trace

  1. L’excellence du conseil est à remarquer. Aller étudier les maîtres au moment de commencer un travail est bien plus profitable que les études indéterminées ; c’est le vrai moyen de comprendre toute leur puissance.