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DU CH. TAMBRONI

de passages qu’il avait remarqués pour faire croire qu’il avait lu et examiné le tout.

Le seul Bandini, comme il est patent d’après son catalogue, prouve qu’il a minutieusement étudié cet ouvrage : car outre qu’il en transcrit avec soin le commencement et la fin, il dit, comme nous l’avons déjà cité : Ac multa sécréta contincat non contemnenda. Ces mots sont une preuve manifeste que plus que personne il l’a lu et pesé.

Enfin, le célèbre abbé Lanzi fit consulter le manuscrit de Cennino par l’abbé Moreni. Mais il paraît que celui-ci le fit légèrement ; car loin d’avoir transcrit la fin du chap. lxxxix, laissé à moitié par Baldinucci, il rapporta à Lanzi seulement ceci : « Dans les chapitres suivants, il dit que cela doit se faire en cuisant l’huile de la graine de lin. » Et Lanzi trompé en déduisit que la méthode de Cennino ne pouvait être celle de Jean de Bruges et n’était applicable qu’aux travaux grossiers. Donc cet auteur si clair n’eut pas non plus connaissance du livre de l’art.

Par la suite, tous les écrivains qui eurent occasion de citer le livre de Cennino le firent sur la foi de ces auteurs, sans aucunement éprouver la légitime et louable curiosité de s’en enquérir par eux-mêmes.

Un jour, causant sur ce sujet avec cette lumière croissante de la littérature italienne, monseigneur Angelo Maï, préfet de la bibliothèque du Vatican, confiant dans la grandeur de son esprit, où je ne sais lequel l’emporte du savoir, de la courtoisie, ou de l’amour ardent pour la gloire de notre nom, je le priai très-respectueusement de vouloir s’informer si le précieux traité de Cennino ne se trouvait pas par hasard caché dans le trésor immense des manuscrits du Vatican. Peu après, il m’annonça l’avoir trouvé dans les codicilles de l’Ottobiana, sous le n° 2974.

Ce fut ainsi que je pus aller lire le plus ancien de nos monuments écrits sur les beaux-arts depuis leur renaissance. Trouvant qu’il contenait des choses très-utiles et toutes perdues aujourd’hui, je réclamai de Monseigneur qu’il m’en permît la publication pour