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CINQUIÈME PARTIE

voquer, ainsi que celui de la vierge Marie, avant de te faire commencer le travail sur panneau, il conviendra d’en établir ici le fondement, je veux dire les colles, dont il y a une grande diversité[1]. Il y en a une qui se fait de pâte cuite, qui est bonne pour les cartonniers, les relieurs, pour coller un papier sur l’autre et attacher l’étain au papier. Quelquefois on s’en sert pour coller les papiers à faire des dentelles. On la fait de cette manière : prépare une casserole pleine d’eau claire, fais-la bien chauffer ; quand elle est prête à bouillir, aie de la farine bien tamisée, jettes-en peu à peu dans la casserole toujours remuant avec une petite baguette ; laisse bouillir, mais qu’elle ne devienne pas trop épaisse ; retire-la et mets-la dans une écuelle. Si tu veux qu’elle ne pue pas, mets-y du sel, et sers-t’en ainsi quand tu en as besoin.

cvi.Comment on fait la colle pour coller les pierres[2].

Il y a une colle qui est bonne pour coller les pierres. Elle se fait de mastic de cire neuve, de poussière de marbre bien tamisée, et le tout mélangé au feu. Aie ta pierre, ôtes-en la poussière, chauffe-la bien et mets-y de cette colle. Elle résistera ensuite au vent, à l’eau, quand bien même tu collerais des meules à aiguiser, à moudre, ou des molettes à broyer.

  1. Cennino donne ici une espèce de traité sur les colles et leur usage. Il est plus prolixe sur cette matière, parce que de son temps on en avait plus grand besoin pour les tempere. Vitruve et Pline parlent souvent des colles mises en œuvre par les peintres dans leurs ouvrages. Le premier, livre vii, ch. 10, dit : Reliqua tectores glutinum admiscentes in parietibus utuntur. Le second en parle au livre xxxv, ch. 6. (Cav. Tambroni.)

  2. Dioscoride, liv. v, ch. 121, enseigne à faire une colle pour coller les pierres. « Elle se fait, dit-il, de colle de taureau, de marbre et de la pierre nommée paros. » D’où je suppose que ce que Cennino nomme la pietra pesta doit s’entendre du marbre blanc pour les statues. (Idem.)