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PRÉFACE

pas à l’ouvrage qui nous découvre entièrement ce qu’était, jusqu’au temps de Cennino, la condition de la peinture, la nature des couleurs et la manière d’opérer de ces vieux maîtres dont les ouvrages furent si respectueusement admirés à l’époque où ils furent faits. Il indique ce qu’on désirait si vivement savoir : comment on dorait sur panneau et dans les livres ; quelles étaient les colles, les tempere, les mordants ; pourquoi ces ouvrages ont résisté au choc de plusieurs siècles et conservent encore aujourd’hui une si grande vivacité de couleur et une dorure si brillante sur bois et sur mur.

Je n’ai jusqu’à présent connaissance que de trois exemplaires de ce codicille. Le premier, dans la bibliothèque Laurentienne de Florence, avec des notes de Baldinucci, de Bandini et de Bottari, sur le rayon lxxviii, n° 24. Le second dans la maison Beltramini di Colle, comme on le voit dans une note à l’index des ouvrages de Baldinucci (édition de Florence), au mot Cennino ; à moins que ce ne soit celui qui passa ensuite à la Laurentienne de Florence ; ce dont Baldinucci, dans son catalogue, ne nous informe pas. De plus, d’après la note citée, il paraîtrait que cet exemplaire est le même que Vasari dit être entre les mains de l’orfèvre siennois Giuliano. Le troisième est celui de l’Ottobiana.

Le livre de Cennino n’est pas seulement utile à l’art, c’est encore une trouvaille sous le rapport du langage. Car bien que le style n’en soit ni cultivé ni fleuri, mais celui d’un écrivain peu versé dans les belles-lettres, cependant cette langue, pleine de mots et d’idiotismes plébéiens qui seraient hors de propos dans un langage universel, contient une foule de mots nouveaux et excellents, surtout pour ce qui concerne l’art, comme l’avait avec sagacité fait remarquer Monsignor Bottari. À la fin de ce livre, je donnerai un index explicatif de ces expressions. Il y aura à se réjouir pour les compilateurs de vocabulaires, et « les philologues s’en serviront à éclaircir des questions qui touchent le fond et l’origine de la langue.

Personne à mon avis n’osera disputer à Cennino, sous le rap-