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TRAITÉ DE LA PEINTURE

iii.00Comment se doit conduire celui qui veut arriver.

Or donc, vous qu’un esprit délicat porte à l’amour de la vertu, et qui vous destinez principalement à l’art, commencez par vous couvrir de ce vêtement : amour, crainte, obéissance et persévérance. Le plus tôt que vous le pourrez, mettez-vous sous l’égide d’un maître et apprenez. Quittez-le le plus tard possible.

iv.00Comment la règle te démontre en combien de membres et parties se composent les arts.

Le fondement de l’art et le commencement de tout travail manuel reposent sur le dessin et la couleur. Ces deux parties exigent de savoir broyer, coller, recouvrir d’une toile, enduire de plâtre, racler le plâtre et le polir, faire des ornements relevés en plâtre, des mordants, de la dorure, du bruni, de la tempera, des champs, épousseter, gratter, égrainer, retailler, colorer, orner et vernir sur bois, c’est-à-dire sur panneau. Pour travailler sur mur, il faut savoir mouiller, mettre l’enduit, l’aplanir, le polir, dessiner, colorer dans le frais, et conduire à fin à sec[1], faire des tempera, orner et finir sur mur. Telle est la règle des grands maîtres dont j’ai parlé. Sous eux j’ai appris le peu que je sais et que j’exposerai ici partie par partie.

  1. On trouvera peut-être puéril la traduction de ce chapitre. Cependant il me semble curieux et digne d’attention, d’abord parce qu’il fait connaître toutes les préparations qui précédaient l’œuvre du peintre sur panneau et à fresque, ensuite parce que ce mot conduire à fin à sec nous fait voir ce que Cennino répète plus tard, que les anciens retouchaient beaucoup cette peinture. Je crois, comme Vasari, que c’était un mal, et qu’avec soin et patience on peut arriver à rendre ces retouches presque nulles.