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le chercheur de trésors.

avait bien souvent, lui aussi, répété cette phrase, mais sans réfléchir à sa valeur réelle et à l’origine du proverbe.

L’Asama-Yama est un des volcans les plus connus de l’île Hondo. C’est même un lieu de pèlerinage très fréquenté et plusieurs temples ont été édifiés au pied de la montagne. Quant à son sommet, il est inconnu, car un effroi religieux en éloigne ceux que la curiosité aurait pu pousser à gravir ses pentes. D’ailleurs, nul chemin tracé entre les rocs, nul point de repère, mais çà et là des précipices au fond bleuâtre, des crevasses fumantes parfois cachées par des cendres, et plus haut le cratère béant, toujours couvert de nuages. Lieu propice, en vérité, pour cacher des trésors à la vue des profanes !

Mais pourquoi ce dicton ? Cette croyance à des richesses invisibles reposait-elle sur un fait ?

Yori avait bien entendu, par hasard, une légende chantée par des musiciens ambulants, et où il était question de ces trésors, mais il ne lui en restait pas un seul vers dans la mémoire ; autant qu’il pouvait s’en souvenir, il y avait là des détails curieux, des renseignements précis, peut-être. N’a-t-on pas vu déjà des traditions se perpétuer ainsi d’âge en âge, auxquelles personne ne fait attention, et qui pourtant reposent sur une donnée première véritable ? Pourquoi n’en serait-il pas de même pour ces fameux trésors de l’Asama dont tout le monde parlait sans y ajouter foi ?

C’était cette légende qu’il fallait retrouver d’abord.

Le jeune daïmio eut vite fait un petit paquet de ce qu’il ne voulait pas laisser à ses créanciers, et il sortit de cette maison, qui avait été la sienne, le cœur léger, plein d’amour et d’espérance. Car il aimait toujours cette cruelle Nikkô qui venait de montrer si peu de cœur.

— Elle a raison, se disait-il, je ne me mettrai en ménage qu’avec les trésors d’Asama.

Il semblait vraiment qu’il fût près de les avoir, et il n’était même pas certain qu’ils existassent !