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contes japonais.

IV

Le hasard, qui sert les amoureux, fit bien les choses pour Yori, car avant que la journée fût terminée, il avait rencontré ces musiciens qu’il souhaitait si fort d’entendre, et, pour une sapèque, il eut la légende.

C’était une mélopée interminable, où étaient narrées, par le menu, les aventures d’un honnête garçon qui, grâce à un talisman que lui donne un sorcier, parvient au sommet de l’Asama. Les flancs du volcan s’ouvrent devant lui, et il rapporte des trésors inestimables.

Un vieillard avare, cupide et méchant, ayant appris son succès, use de violence pour obtenir du magicien son talisman, mais il trouve le cratère nu et abrupt ; il tombe dans un précipice et revient disloqué et perclus. Chaque strophe se terminait par ce refrain énigmatique :

« Il y a bien des trésors dans l’Asama, et ce qui est bon à l’un est nuisible à l’autre. Voyageur téméraire, prends garde à ton choix ! »

La chanson valait bien une sapèque, mais pour Yori les renseignements étaient vagues ; on n’affirmait rien au sujet des trésors, et on ne disait pas quel était ce talisman nécessaire pour s’ouvrir un chemin. Comment se le procurer ? Où trouver le magicien dépositaire de ce précieux sésame ?


La chanson valait bien une sapèque.

Les sorciers ne manquent pas au Japon ; on va les trouver comme le notaire ou le médecin.

Il en coûta encore au jeune homme une petite pièce de monnaie pour avoir l’adresse du plus célèbre dans la région ; le rapprochement que ne manquèrent pas de faire, entre ses questions et la chanson, ceux qui venaient de l’entendre, attira sur leurs lèvres un sourire de commisération.