Ah ! c’était tout un roman, le résultat de mûres réflexions et de patientes recherches… qui d’ailleurs n’avait pas abouti.
La clef de ce mystère ? La voilà.
Logé en vue du volcan, à l’auberge des Roseaux en fleurs, Yori, sur le point de toucher au but, s’était trouvé embarrassé. Comment prendre à un oiseau dans l’air, une branche de glycine qu’il porte au bec, cela sans le toucher et sans que la branche ait été salie par le contact du nid ?
Problème difficile ! si difficile même, que le daïmio, tout chagrin, se donnait à tous les diables de l’enfer japonais.
Aussi, n’accordait-il aucune attention au petit manège de la toute charmante Nareya, la fille de l’aubergiste ; et pourtant celle-ci, dans l’insouciante gaîté de ses quinze ans, tournait autour de lui avec la mobilité du papillon de papier devant l’éventail du bateleur. Évidemment Yori l’intéressait plus que peut-être elle ne se l’eût avoué à elle-même.
Le voyant ainsi triste et préoccupé, elle lui avait demandé le motif de son ennui.
— J’aime Nikkô, ma jolie voisine, répondit-il sans s’expliquer davantage, et il me faut, pour lui plaire, posséder une branche de glycine double que porte l’alouette des marais.
— Nikkô est sans doute bien belle pour être aimée de toi, dit la jeune fille avec un gros soupir.
— Or, reprit Yori, je ne sais comment avoir cette glycine sans tuer l’oiseau, que je voudrais épargner. Voilà pourquoi je suis triste.
— Tu tiens donc beaucoup à cette branche de glycine ?
— Ah ! plus qu’à ma vie !
— Je te comprends, dit Nareya. Quand on aime !
Et un voile s’étendit sur ses beaux yeux ; on eût dit même qu’une larme roulait sous sa paupière aux longs cils noirs, comme une goutte de rosée le matin sur la feuille de chrysanthème. Brusquement elle partit.