Page:Cerfberr - Contes japonais, 1893.pdf/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
la forêt enchantée.

Et sentant renaître son courage, il voulut du moins marchander.

— Seigneur, reprit-il, je vous la donne volontiers, mais pour l’aînée il m’a été payé un picul d’or.

— Je n’en saurais faire autant, car je ne suis guère riche en espèces sonnantes, mais je ne serai pas pourtant moins généreux. Tu auras pour dot un sac de perles.

— Mettez-en deux, répliqua Hanko, défendant son bien avec âpreté.

— Je t’ai offert ce que je possède, n’en demande pas davantage, dit le poisson ; si j’étais le dragon qui garde cette forêt et prélève le dixième sur tout ce qui y pousse et y vit, je pourrais faire plus pour toi. Mais la fortune que je t’offre est déjà belle. Il faut accepter ou sinon…

Et le seigneur poisson ouvrit une gueule formidable, pour appuyer son argumentation.

— Prenez ma fille, j’accepte, cria Hanko.

— J’irai la chercher d’ici quelques semaines. En attendant voici des arrhes.

Et d’un coup de queue, avant de disparaître, le monstre rejeta suivie rivage une huître perlière. Hanko s’en empara avec joie, l’ouvrit, contempla une jolie perle ronde qui devait trouver facilement marchand à la ville, puis il s’empressa de sortir de la forêt enchantée. La nuit était noire quand il rentra chez lui ; il s’endormit harassé de fatigue, faisant des rêves de richesse et de grandeur exempts du moindre remords. Son action n’était pas cependant à l’abri de tout reproche, car cette fois il s’était décidé bien vite !

IV

Quand, comment et sous quelle forme, le poisson devait-il venir réclamer l’exécution de cet étrange marché ? Hanko se le deman-