Page:Cervantes-Viardot-Rinconète et Cortadillo.djvu/43

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sors ici dehors, par amour de moi ; je ferai en sorte que le Repolido te demande pardon à genoux. — Ah ! s’il fait cela, s’écria la Escalanta, nous serons toutes de son côté, pour prier Juliana de sortir ici dehors. — Si cela doit se faire par voie de soumission qui sente le déshonneur de la personne, dit le Repolido, je ne me soumettrais pas à une armée de Suisses ; mais si c’est par voie de faire plaisir à la Cariharta, je ne dis pas que je me mettrai à genoux, mais que je me planterai un clou dans le front pour son service. » À ce propos, Chiquinazque et Maniferro se mirent à rire, ce qui fâcha tellement le Repolido, en lui faisant croire qu’on se moquait de lui, qu’il s’écria, dans un transport de rage : « Quiconque rira ou pensera rire de ce que la Cariharta a contre moi, ou moi contre elle, nous avons dit ou dirons, je dis qu’il en a menti et qu’il en aura menti, autant de fois qu’il rira ou pensera rire. » Chiquinazque et Maniferro se regardèrent avec des yeux si courroucés que Monipodio vit bien que la chose allait mal tourner, s’il n’y portait remède. Se jetant aussitôt au milieu d’eux, il s’écria : « Halte-là, n’allez pas plus loin, gentilshommes ; qu’on cesse les gros mots, et qu’on les broie sous les dents, et puisque ceux qu’on a dits ne vont pas jusqu’à la ceinture, que personne ne les prenne pour soi. — Nous sommes bien sûrs, répondit Chiquinazque, que ce n’est pas pour nous qu’on a dit et qu’on dira de semblables monitoires, car si l’on s’imaginait que c’est à nous qu’on les dit, le tambour de basque est en mains qui sauraient bien en jouer. — Nous aussi, nous avons notre tambour de basque, sieur Chiquinazque, répliqua le Repolido, et, s’il en est besoin, nous saurons aussi jouer des