Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1836, tome 1.djvu/102

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voleurs de grand chemin qui le traitaient ainsi. Enfin le muletier se fatigua, et les marchands continuèrent leur chemin, emportant de quoi conter pendant tout le voyage sur l’aventure du pauvre fou bâtonné.

Celui-ci, dès qu’il se vit seul, essaya de nouveau de se relever ; mais, s’il n’avait pu en venir à bout, lorsqu’il était sain et bien portant, comment aurait-il mieux réussi étant moulu et presque anéanti ? Et pourtant, il faisait contre fortune bon cœur, regardant sa disgrâce comme propre et commune aux chevaliers errants, et l’attribuant d’ailleurs tout entière à la faute de son cheval. Mais, quant à se lever, ce n’était pas possible, tant il avait le corps meurtri et disloqué.