Page:Cervantes - L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, traduction Viardot, 1837, tome 2.djvu/267

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allait chantant des Séguidillas pour charmer l’ennui et la fatigue du chemin. Quand ils arrivèrent auprès de lui, il achevait d’en chanter une que le cousin retint par cœur, et qui disait : « À la guerre me conduit ma nécessité ; si j’avais de l’argent, je n’irais pas en vérité. »

Le premier qui lui parla fut Don Quichotte : « Vous cheminez bien à la légère, seigneur galant, lui dit-il ; et de quel côté ? que nous le sachions, s’il vous plaît de le dire. — Cheminer si à la légère, répondit le jeune homme, c’est à cause de la chaleur et de la pauvreté ; et où je vais, c’est à la guerre. — Comment ! la pauvreté, s’écria Don Quichotte ; la chaleur, c’est plus croyable. — Seigneur, répliqua le jeune garçon, je porte dans ce paquet des grègues de velours, accompagnées de ce pourpoint : si je les use sur la route, je ne pourrai pas m’en faire honneur dans la ville,