Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/177

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De l’erreur vainement les antiques prestiges
Voudraient de la nature étouffer les vestiges ;
Ta main les suit partout, et sur le diamant
Ils vivront, de ta gloire éternel monument.
Mais toi-même, Le Brun, que l’amour d’Uranie
Guide à tous les sentiers d’où la mort est bannie ;
Qui, roi sur l’Hélicon, de tous ses conquérans
Réunis dans ta main les sceptres différens ;
Toi-même, quel succès, dis-moi, quelle victoire
Chatouille mieux ton cœur du plaisir de la gloire ?
Est-ce lorsque Buffon et sa savante cour
Admirent tes regards qui fixent l’œil du jour ?
Qu’aux rayons dont l’éclat ceint ta tête brillante,
Ils suivent dans les airs ta route étincelante,
Animent de leurs cris ton vol audacieux,
Et d’un œil étonné te perdent dans les cieux ?
Ou lorsque de l’amour, interprète fidèle,
Ta naïve Érato fait sourire une belle ;
Que son ame se peint dans ses regards touchans,
Et vole sur sa bouche au-devant de tes chants ;
Qu’elle interrompt ta voix, et d’une voix timide
S’informe de Fanni, d’Églé, d’Adélaïde ;
Et vantant les honneurs qui suivent tes chansons,
Leur enbie un amant qui fait vivre leurs noms ?