Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/262

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Des tigres frémissans ne redoutent la voix ;
Ni les vastes serpens ne traînent ; sur tes plaines,
En longs cercles hideux, leurs écailles sonnantes.

Les chênes, les sapins et les ormes épais
En utiles rameaux ombragent tes sommets ;
Et de Baune et d’AÏ, les rives fortunées,
Et la riche Aquitaine et les hauts Pyrénées,
Sous leurs bruyans pressoirs font couler en ruisseaux
Des vins délicieux mûris sur leurs, coteaux.
La Provence odorante et de zéphire aimée
Respire sur les mers une haleine embaumée,
Au bord des flots couvrant, délicieux trésor,
L’orange et le citron de leur tunique d’or ;
Et plus loin au penchant des collines pierreuses
Forme la grasse olive aux liqueurs savonneuses,
Et ces rézeaux légers, diaphanes habits,
Où. la fraîche grenade enferme ses rubis.
Sur tes rochers touffus la chèvre se hérisse,
Tes prés enflent de lait la féconde génisse ;
Et tu vois tes brebis, sur le jeune gazon,
Épaissir le tissu de leur blanche toison.
Dans les fertiles champs voisins de la Touraine,
Dans ceux où l’Océan boit l’urne de la Seine,
S’élèvent pour le frein des coursiers belliqueux.
Ajoutez cet amas de fleuves tortueux
L’indomptable Garonne aux vagues insensées,
Le Rhône impétueux, fils des Alpes glacées ;
La Seine au flot royal, la Loire dans son sein,
Incertaine, et la Saône et mille autres enfin