Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quoi ! nul ne restera pour attendrir l’histoire
Sur tant de justes massacrés :
....................
Pour consoler leurs fils, leurs veuves et leurs mères ;
Pour que des brigands abhorrés
Frémissent aux portraits noirs de leur ressemblance ;
Pour descendre jusqu’aux enfers
Chercher le triple fouet, le fouet de la vengeance
Déjà levé sur ces pervers ;
Pour insulter leurs noms, pour chanter leur supplice !
Allons, étouffe tes clameurs :
Souffre, ô cœur gros de haine, affamé de justice.
Toi, Vertu, pleure si je meurs.


IAMBE IV.


(DERNIERS VERS DE L’AUTEUR.)


COMME un dernier rayon, comme un dernier zéphire
Anime la fin d’un beau jour,
Au pied de l’échafaud j’essaie encor ma lyre.
Peut-être est-ce bientôt mon tour ;
Peut-être avant que l’heure en cercle promenée
Ait posé, sur l’émail brillant,
Dans les soixante pas où sa route est bornée,