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HYMNE


SUR L’ENTRÉE TRIOMPHALE DES SUISSES


RÉVOLTÉS DU RÉGIMENT DE CHATEAUVIEUX
FÊTÉ À PARIS SUR UNE MOTION DE COLLOT D’HERBOIS[1]


 
Salut, divin triomphe ! entre dans nos murailles !
Rends-nous ces guerriers illustrés
Par le sang de Désille et par les funérailles
De tant de Français massacrés.
Jamais rien de si grand n’embellit ton entrée :
Ni quand l’ombre de Mirabeau
S’achemina jadis vers la voûte sacrée
Où la gloire donne un tombeau ;
Ni quand Voltaire mort et sa cendre bannie
Rentrèrent aux murs de Paris,
Vainqueurs du fanatisme et de la calomnie
Prosternés devant ses écrits.
Un seul jour peut atteindre à tant de renommée,
Et ce beau jour luira bientôt ;
C’est quand tu conduiras Jourdan[2] à notre armée,
Et Lafayette à l’échafaud !
Quelle rage à Coblentz ! quel deuil pour tous ces princes,
Qui, partout diffamant nos lois,
Excitent contre nous et contre nos provinces
Et les esclaves et les rois !

  1. Publié pour la première fois dans le Journal de Paris du 15 avril 1792.
  2. Mathieu-Jouve Jourdan, surnommé Coupe-Tête.