Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/111

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NAÏS.

Une femme est esclave.

DAPHNIS.

Une femme est esclave. Ah ! plutôt elle est reine.

NAÏS.

Tremble près d’un époux et n’ose lui parler.

DAPHNIS.

Eh ! devant qui ton sexe est-il fait pour trembler ?

NAÏS.

À des travaux affreux Lucine nous condamne.

DAPHNIS.

Il est bien doux alors d’être chère à Diane.

NAÏS.

Quelle beauté survit à ces rudes combats ?

DAPHNIS.

Une mère y recueille une beauté nouvelle :
Des enfants adorés feront tous tes appas ;
Tu brilleras en eux d’une splendeur plus belle.

NAÏS.

Mais, tes vœux écoutés, quel en serait le prix ?

DAPHNIS.

Tout : mes troupeaux, mes bois et ma belle prairie ;
Un jardin grand et riche, une maison jolie,
Un bercail spacieux pour tes chères brebis ;