Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/133

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Et, d’un si bon prétexte ardent à se servir,
C’est à moi que lui-même il viendra les ravir.

Commencé le vendredi au soir 16, et fini le dimanche au soir 18 mars 1787[1].



IV[2]

LE MALADE.


« Apollon, Dieu sauveur, dieu des savants mystères.
Dieu de la vie, et dieu des plantes solitaires.
Dieu vainqueur de Python, dieu jeune et triomphant,
Prends pitié de mon fils, de mon unique enfant !
Prends pitié de sa mère aux larmes condamnée,
Qui ne vit que pour lui, qui meurt abandonnée,
Qui n’a pas dû rester pour voir mourir son fils ;
Dieu jeune, viens aider sa jeunesse. Assoupis,
Assoupis dans son sein cette fièvre brûlante
Qui dévore la fleur de sa vie innocente.
Apollon, si jamais, échappé du tombeau,
Il retourne au Ménale avoir soin du troupeau,
Ces mains, ces vieilles mains orneront ta statue
De ma coupe d’onyx à tes pieds suspendue ;
Et, chaque été nouveau, d’un jeune taureau blanc
La hache à ton autel fera couler le sang.

  1. Nous admettons la correction de M. Becq de Fonquières (16 et 18 au lieu de 10 et 12, le 10 mars 1787 étant un samedi, et le 12 un lundi).
  2. Édition 1819.