Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/149

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Ce sceau, don mutuel d’immortelle amitié,
Jadis à Cléotas par lui-même envoyé.

Il ouvre un œil avide, et longtemps envisage
L’étranger. Puis enfin sa voix trouve un passage.
« Est-ce toi, Cléotas ? toi qu’ainsi je revois ?
Tout ici t’appartient. Ô mon père ! est-ce toi ?
Je rougis que mes yeux aient pu te méconnaître.
Cléotas ! ô mon père ! ô toi qui fus mon maître,
Viens ; je n’ai fait ici que garder ton trésor,
Et ton ancien Lycus veut te servir encor.
J’ai honte à ma fortune en regardant la tienne. »
Et dépouillant soudain la pourpre tyrienne
Que tient sur son épaule une agrafe d’argent,
Il l’attache lui-même à l’auguste indigent.
Les convives levés l’entourent ; l’allégresse
Rayonne en tous les yeux. La famille s’empresse ;
On cherche des habits, on réchauffe le bain.
La jeune enfant approche ; il rit, lui tend la main :
« Car c’est toi, lui dit-il, c’est toi qui la première,
Ma fille, m’as ouvert la porte hospitalière. »


VI[1]

MNAZILE ET CHLOÉ

 

CHLOÉ.

Fleurs, bocage sonore, et mobiles roseaux
Où murmure Zéphyre au murmure des eaux,
Parlez, le beau Mnazile est-il sous vos ombrages ?

  1. Édition 1819.