Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Près d’elle descendue, à leurs yeux exposée,
Opis et Cymodoce et la blanche Nésée
Eussent rougi d’envie, et sur tes doux attraits
Cherché, non sans dépit, quelques défauts secrets ;
Et loin de toi chacune, avec un soin extrême,
Sous un roc de corail menant le dieu qu’elle aime,
L’eût tourmenté de cris amers, injurieux,
S’il avait en partant jeté sur toi les yeux.



XVIII[1]

MNAÏS[2]


Bergers, vous dont ici la chèvre vagabonde,
La brebis se traînant sous sa laine féconde,
Au dos de la colline accompagnent les pas,
À la jeune Mnaïs rendez, rendez, hélas !
Par Cérès, par sa fille et la Terre sacrée,
Une grâce légère, autant que désirée.
Ah ! près de vous, jadis, elle avait son berceau,
Et sa vingtième année a trouvé le tombeau.
Que vos agneaux du moins viennent près de ma cendre
Me bêler les accents de leur voix douce et tendre,
Et paître au pied d’un roc où d’un son enchanteur,
La flûte parlera sous les doigts du pasteur.


  1. Revue de Paris, 1830.
  2. Traduction de la 98e épigramme de Léonidas de Tarenlo. Anal., t. I, p. 246). (Note d’André Chénier.)

    Les abréviations signifient : Analecta veterum poetarum græcorum, publ. par Brunck en 3 vol.