Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/190

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XLII[1]


 
Il va chanter ; courons, car les dieux l’ont aimé.
De lait, d’ambre, de miel son génie est formé,
Et ses vers, par la main des sœurs de Melpomène,
Sont trempés dans les fleurs et dans l’onde hippocrène.

Un berger-poëte dira :

Mes chants savent tout peindre ; accours, viens les entendre
Ma voix plaît, Astérie, elle est flexible et tendre.
Philomèle, les bois, les eaux, les pampres verts,
Les muses, le printemps, habitent dans mes vers.
Le baiser dans mes vers étincelle et respire.
La source aux pieds d’argent qui m’arrête et m’inspire
Y roule en murmurant son flot léger et pur ;
Souvent avec les cieux il se pare d’azur.
Le souffle insinuant, qui frémit sous l’ombrage,
Voltige dans mes vers comme dans le feuillage.
Mes vers sont parfumés et de myrte et de fleurs,
Soit les fleurs dont l’été ranime les couleurs,
Soit celles que seize ans, été plus doux encore,
Sur une belle joue ont l’art de faire éclore.


XLIII[2]


Les esclaves d’amour ont tant versé de pleurs !
S’il a quelques plaisirs, il a tant de douleurs !

  1. Revue de Paris, 1830, où ce morceau était placé parmi les élégies, et édit. G, de Chénier.
  2. Édition 1819, parmi les élégies, et édit. G. de Chénier.