Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/200

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Les yeux, avec amour, se porteraient sur elle.
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Dirait : « Que cette muse est belle et séduisante !
Que son éclat est doux ! que sa grâce est décente !
Dans sa simplicité que de charmes secrets !
Qu’une fierté modeste ennoblit tous ses traits !
Qu’on la quitte avec peine ! et que sa voix aimable
Vous laisse, au loin, dans l’âme, une trace durable ! »
Tel serait leur langage ; et mes vers répétés
Encore après mille ans, seraient lus et vantés.
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Au moins daignez souffrir que cette main suspende
À votre belle image une rustique offrande ;
Accueillez mon Esclave...........
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Il pleure loin de lui sa famille éplorée.
Vos parents loin de vous, vous, leur bien, leur orgueil,
Feraient couler vos pleurs et vivraient dans le deuil.
Il aime, et de regrets son âme est consumée.
Amour profond, brûlant ; comme vous eût aimée
Tout mortel dont l’aspect serait doux à vos yeux,
Dont vos regrets suivraient l’absence et les adieux,
Dont le nom remplirait vos pensers solitaires.
........Ah ! si le sort jaloux !…
Mais quels désirs ont droit de monter jusqu’à vous ?
Toutefois.................
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Et de l’humble mortel un vœu religieux
S’élance impunément jusqu’au trône des dieux.