Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/212

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Porte-les à D’. Z. N., cette belle insulaire.
À leurs sons amoureux puisse-t-elle se plaire !
Et, le ris sur la bouche, au-devant de tes pas,
Venir les recevoir de ses doigts délicats !
Le malin d’un beau jour frais, calme, sans nuage,
Est moins fleuri, moins pur, moins doux que son visage.
Dis-lui, car tu le sais, oh ! dis-lui quel amour,
Dis-lui quel souvenir me poursuit chaque jour.
Dis-lui pour qui ma voix, en soupirs égarée,
Fait gémir les détours de ta grotte azurée ;
Dis-lui quel nom ma bouche, au sein de tes roseaux,
Enseigne à répéter à ton peuple d’oiseaux.


LX[1]


Chante-nous les deux enfants… ils chantent ἀμοιϐ. (ἀμοιϐήδην alternativement).

Deux enfants… leur père et leur mère sont morts, ils n’en savent rien… ils sont égarés dans la forêt… ils disent : j’ai faim… où irons-nous ?… les bêtes nous mangeront… suivons le cours du ruisseau, il nous mènera dans des pays où il y aura ceci et cela, et nous y trouverons ma mère qui nous donnera à manger et du pain dans du lait.

....................
Mais j’ai faim, je suis las, je ne puis plus marcher ;
Dormons ici, demain nous marcherons encore.
Maintenant sous cet arbre il vaut mieux nous coucher.
Tous deux, sous un ormeau, les mains entrelacées,

  1. Éd. G. de Chénier.