Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/242

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De ces roseaux liés par des nœuds de fougère
Elle osait composer sa flûte bocagère,
Et voulait, sous ses doigts exhalant de doux sons,
Chanter Pomone et Pan, les ruisseaux, les moissons,
Les vierges aux doux yeux, et les grottes muettes,
Et de l’âge d’amour les ardeurs inquiètes.



LXXVII[1]

IDYLLE MARITIME[2]


DRYAS


Tout est-il prêt ? parlons. Oui, le mât est dressé ;
Adieu donc ; sur les bancs le rameur est placé ;
La voile, ouverte aux vents, s’enfle et s’agite et flotte ;
Déjà le gouvernail tourne aux mains du pilote.
Insensé ! vainement le serrant dans leurs bras,
Femme, enfants, tout se jette au-devant de ses pas ;
Il monte, on lève l’ancre. Élevé sur la poupe.
Il remplit et couronne une écumante coupe,
Prie, et la verse aux dieux qui commandent aux flots.
Tout retentit de cris, adieux des matelots.

  1. Édition G. de Chénier.
  2. André Chénier avait conçu le projet de bucoliques ou d’idylles maritimes, qu’il désigne dans ses notes par le signe Βουκ. εναλ. (c’est-à-dire Βουκολικὰ ἐνάλια), Εἰδ. εναλ. (c’est-à-dire Εἰδύλλια ἐνάλια). Telle était celle dont nous reproduisons ici le fragment.