Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/252

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Ainsi, courant partout sous les nouveaux ombrages,
Je vais chantant Zéphir, les nymphes, les bocages,
Et les fleurs du printemps et leurs riches couleurs,
Et mes belles amours plus belles que les fleurs.


II[1]

IMITÉ D’UNE IDYLLE DE BION[2]

 
Loin des bords trop fleuris de Gnide et de Paphos,
Effrayé d’un bonheur ennemi du repos,
J’allais, nouveau pasteur, aux champs de Syracuse
Invoquer dans mes vers la nymphe d’Aréthuse ;
Lorsque Vénus, du haut des célestes lambris,
Sans armes, sans carquois, vint m’amener son fils.
Tous deux ils souriaient : « Tiens, berger, me dit-elle,
Je te laisse mon fils, sois son guide fidèle ;
Des champêtres douceurs instruis ses jeunes ans ;
Montre-lui la sagesse, elle habite les champs. »
Elle fuit. Moi, crédule à cette voix perfide,
J’appelle près de moi l’enfant doux et timide.
Je lui dis nos plaisirs et la paix des hameaux ;
Un dieu même au Pénée abreuvant des troupeaux[3] ;
Bacchus et les moissons ; quel dieu, sur le Ménale,
Forma de neuf roseaux une flûte inégale.

  1. Édition 1819.
  2. Idyl. III. — Comparez l’imitation de Ronsard, Œuvres choisies de P. de Ronsard, avec notice, notes et commentaires par Sainte-Beuve, nouvelle édition revue et augmentée par M. Louis Moland. Paris, Garnier frères, 1 vol. in-8. Page 204.
  3. Apollon chez Adméte.