Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que tu me l’appelles toujours… Allons, suivons les fureurs de l’âge… mais puisse-t-il passer vite… puisse venir la vieillesse ! … la vieillesse seule est heureuse (contredire pied à pied l’élégie contre la vieillesse[1]), le vieillard se promène à la campagne, se livre à des goûts innocents, étudie sans que les vaines fureurs d’Apollon le fatiguent… les soins de la propreté, une vie innocente font fleurir la santé sur son visage. S’il devient amoureux d’une jeune belle :


Il a le bien d’aimer sans en avoir les peines ;
Il n’en exige rien, il ne veut que l’aimer.


Elle y consent… tout le monde le sait… elle le permet…


......et n’en fait point mystère,
Et ne le reçoit point avec un œil sévère,
N’affecte point de rire eu le voyant pleurer,
Ne met point son étude à le désespérer.
Non. Il entre, elle accourt. Une aimable indulgence
Sourit dans ses beaux yeux au vieillard qui s’avance.
Il l’embrasse. Il n’a point ces suprêmes plaisirs
Dont son âge paisible ignore les désirs.
Il est assis près d’elle......


Il la voit… elle livre ses bras à ses baisers.


À ses débiles mains laisse presser ses flancs,
Et le caresse et joue avec ses cheveux blancs.


Les petits garçons et les petites filles qui jouent, sautent de joie en l’entendant venir. Il les baise, il se mêle avec eux, il fait la paix, il est l’arbitre de leurs jeux. Quand il y

  1. Voy. l’élégie précédente.