Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/391

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Et longs regards d’amour et molles élégies,
Et jusques au matin amoureuses orgies.



LXXXVI[1]

ÉLÉGIE ITALIENNE


Ô belle (son nom, pas le véritable)… tu crains… tu penses, dis-tu, qu’un poète est méchant… caustique… détrompe-toi de cette erreur. Non, le jeune poète est doux, innocent… l’enfant des neuf sœurs (peinture romantique)[2] tout entier aux muses et aux belles, il ne songe point à nuire, ni même à se défendre de ceux qui veulent lui nuire.


Il n’aime que l’amour : l’amour et les beaux-arts.


En lisant les poètes antiques, il voit, il poursuit, il tient ces belles héroïnes qui exercèrent


D’Apelle et de Zeuxis les suaves pinceaux.
Raphaël et David, sur leurs toiles savantes.
Offrent à ses désirs vingt maîtresses vivantes.


Quand il voit passer des belles, il les poursuit des yeux, il veut celle-ci, celle-là, il les veut toutes. En vain leurs vêtements… sous la gaze et la soie, il devine les charmes.


D’un flanc voluptueux l’agilité mobile.

  1. Édition G. de Chénier.
  2. C’est la deuxième fois que l’auteur emploie ce mot.