Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/57

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pieusement et curieusement tous les jugements, les indices et témoignages. Il y aurait à compléter peut-être, sur plusieurs points, les renseignements biographiques ; quelques personnes qui ont connu André vivent encore ; son neveu, M. Gabriel de Chénier, à qui déjà nous devons tant pour ce travail, a conservé des traditions de famille bien précises. Une note qu’il me communique m’apprend quelques particularités de plus sur la mère de Chénier, cette spirituelle et belle Grecque, qui marqua à jamais aux mers de Byzance l’étoile d’André. Elle s’appelait Santi-l’Homaka ; elle était propre sœur (chose piquante !) de la grand’mère de M. Thiers. Il se trouve ainsi qu’André Chénier est oncle, à la mode de Bretagne, de M. Thiers par les femmes, et on y verra, si l’on veut, après coup, un pronostic. André a pris de la Grèce le côté poétique, idéal, rêveur, le culte chaste de la muse au sein des doctes vallées : mais n’y aurait-il rien, dans celui que nous connaissons, de la vivacité, des hardiesses et des ressources quelque peu versatiles d’un de ces hommes d’État qui parurent vers la fin de la guerre du Péloponèse, et, pour tout dire en bon langage, n’est-ce donc pas quelqu’un des plus spirituels princes de la parole athénienne ?

Mais je reviens à mon idylle, à mon édition oisive. Il serait bon d’y joindre un petit précis contenant, en deux pages, l’histoire des manuscrits. C’est un point à fixer (prenez-y garde), et qui devient presque douteux à l’égard d’André, comme s’il était véritablement un ancien. Il s’est accrédité, parmi quelques admirateurs du poète, un bruit, que l’édition de 1833 semble