Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’obole mendié seul appui d’un grand homme ;
Et l’Albain terrassé dans le mâle serment
Des trois frères sauveurs de Rome[1].


IV



Un plus noble serment d’un si digne pinceau
Appelle aujourd’hui l’industrie.
Marathon, tes Persans et leur sanglant tombeau
Vivaient par ce bel art. Un sublime tableau
Naît aussi pour notre patrie.
Elle expirait : son sang était tari ; ses flancs
Ne portaient plus son poids. Depuis mille ans,
À soi-même inconnue, à son-heure suprême,
Ses guides tremblants, incertains
Fuyaient. Il fallut donc, dans le péril extrême,
De son salut la charger elle-même.
Long-temps, en trois races d’humains,
Chez nous l’homme a maudit ou vanté sa naissance :
Les ministres de l’encensoir,
Et les grands, et le peuple immense.
Tous à leurs envoyés confieront leur pouvoir.
Versailles les attend. On s’empresse d’élire ;
On nomme. Trois palais s’ouvrent pour recevoir
Les représentants de l’empire.


V



D’abord pontifes, grands, de cent titres ornés,
Fiers d’un règne antique et farouche,

  1. Le poëte désigne la Mort de Socrate, le Retour de Brutus dans payers, Bélisaire et le Serment des Horaces, tabloaux de David.