Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 1.djvu/92

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Où le réseau noueux, en élastique égide,
Arme d’un bras souple et nerveux,
Repoussant la balle rapide,
Exerçait la jeunesse en de robustes jeux.
Peuple, de tes élus cette retraite obscure
Fut la Délos. Ô murs ! temple à jamais fameux !
Berceau des lois ! sainte masure !


VII



N’allons pas d’or, de jaspe, avilir à grands frais
Cette vénérable demeure ;
Sa rouille est son éclat. Qu’immuable à jamais
Elle règne au milieu des dômes, des palais.
Qu’au lit de mort tout Français pleure,
S’il n’a point vu ces murs où renaît son pays.
Que Sion, Delphe, et la Mecque, et Saïs
Aient de moins de croyants attiré l’œil fidèle.
Que ce voyage souhaité
Récompense nos fils. Que ce toit leur rappelle
Ce tiers-état à la honte rebelle,
Fondateur de la liberté :
Comme en hâte arrivait la troupe courageuse,
À travers d’humides torrents
Que versait la nue orageuse ;
Cinq prêtres avec eux ; tous amis, tous parents,
S’embrassant au hasard dans cette longue enceinte ;
Tous juraient de périr ou vaincre les tyrans ;
De ranimer la France éteinte ;