Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/303

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mains ! Quoi ! tu ne fais point éclater la foudre, lorsque des hommes entassés sont écrasés sous leurs prisons par l’explosion du canon ! Tu contemples la Loire, le Rhône, la Charente…


Ton œil de leurs pensers sonde les noirs abîmes,
Ces lacs de soufre et de poisons,
Ces océans bourbeux où fermentent les crimes ;
Que de ses plus ardents tisons



dévore la plus lâche Euménide… car tu n’es pas réduit comme nous, à reconnaître un Couthon à ses actions et à la bassesse de son affreux visage… Tu vois au lieu d’un cœur bouillir dans sa poitrine un fétide mélange de bitume, de rage, de haine pour la vertu, de vol, de calomnie… et de fange… d’où, par sa bouche impure s’exhale la mort des gens de bien, etc.[1]


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Ils vivent cependant ! et de tant de victimes
Les cris ne montent point vers toi !

  1. La première rédaction de cette pièce continuait ainsi :
    Et tu ne tonnes pas ! et les cris de tant d’infortunés ne montent point jusqu’à toi ! et tu laisses un pauvre diable de poète se charger de leur vengeance et tonner seul sur ces scélérats et sur l’horrible dicast… (tribunal) et jur… (jury), etc.
    Ils croyaient se cacher dans leur bassesse obscure.
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    Sur ses pieds inégaux l’épode vengeresse
    Saura les atteindre pourtant.
    Diamant ceint d’azur, Paros, œil de la Grèce,
    De l’onde Égée astre éclatant !
    Dans tes flancs où nature est sans cesse à l’ouvrage,
    Pour le ciseau laborieux,
    Germe et blanchit le marbre honoré de l’image
    Et des grands hommes et des dieux.