Page:Chénier - Œuvres poétiques, édition Moland, 1889, volume 2.djvu/88

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Comme le Nil, le Rhône, je ne sais quel fleuve d’Espagne, etc… s’ensevelissent sous terre pendant quelque temps.

Horace (vers 163[1]) :
Cereus in vitium flecti.


Cire flexible et molle à se plier au vice.


Tous les hommes ont le même fonds dégoûts, de passions, de sentiments, qui se façonnent différemment dans chacun. Ils sont donc tous assez semblables pour être la même race, assez divers pour n’être pas le même individu. Il en est de même des visages.

Le législateur sait que les passions sont bonnes en elles-mêmes, qu’elles ne nuisent que mal dirigées, mais que, poussées comme il convient, elles concourent au même but. Il fait bon usage même des faiblesses humaines.


Pour fruit de leurs travaux, il présente à leurs yeux
La gloire, des humains idole impérieux[2] :
Après l’art d’être sage, elle est leur bien suprême,
Le seul prix des vertus après les vertus même,
Et dans un cœur méchant, mais d’orgueil combattu.
Peut même quelquefois tenir lieu de vertu.

  1. Art poétique.
  2. André Chénier fait ici idole du masculin, comme P. Corneille :

    Et Pison ne sera qu’un idole sacré, etc.
    (Othon, acte III, scène i.)

    comme La Fontaine :

    Jamais idole, quel qu’il fût,
    N’avait eu cuisine si grasse. (Liv. IV, fable 8.)