Page:Chézy - Analyse du Mégha-Doûtah, poème sanskrit de Kâlidâsa.djvu/17

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son réveil, murmure lui doucement ces mots consolateurs :

« Reconnois en moi, ô femme adorée, l’ami et le messager de celui qui ne vit que pour toi. Ce n’est pas en vain, tu le sais, que l’épouse délaissée voit mon approche[1] ; et, au bruit de mon tonnerre, elle conçoit l’espoir que la tresse de l’absence ne tardera pas à se dénouer.

» Ton ami, quoique séparé de toi par l’imprécation de Kouvera, est toujours présent par la pensée dans les lieux que tu habites. Ton image chérie, combien de fois ne l’a-t-il pas tracée sur les arides rochers qui l’entourent ! mais autant de fois elle a été effacée par ses larmes amères. Dans chaque objet gracieux que lui offre la nature, il cherche à t’apercevoir. La liane flexible lui représente la souplesse de ta taille ; la lumière argentée de la lune, la blancheur de ton teint ; le lotus azuré, la douceur de ton regard. Mais chacun de ces objets ne possède qu’une partie de tes charmes ; toi seule réunis dans ta personne tous les

  1. Le commencement de la saison des pluies se fait sentir, aux Indes, d’une manière délicieuse, à cause de l’agréable fraîcheur que l’on y goûte à cette époque, après des chaleurs étouffantes. C’est alors que le voyageur éloigné aime à se remettre en route pour revenir au sein de ses foyers et de sa famille : aussi cette saison fournit-elle aux poètes de fréquentes allusions au retour d’amis long-temps réparés.