Page:Chênedollé - Œuvres complètes, 1864.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
CHANT I.

D’une pluie à jets d’or inonde l’univers,
Et, la décomposant dans le prisme des airs,
Nuance des saisons la mobile ceinture ;
Suspends, au front des bois, un réseau de verdure ;
Et, prodiguant partout un luxe de couleurs,
Dore, argente ou rougis le panache des fleurs ;
Donne un habit de neige au lis qui vient d’éclore,
Et l’arc-en-ciel au paon, et la pourpre à l’Aurore ;
Et garde pour les Cieux ce pavillon d’azur,
Ce manteau de saphir, d’où s’échappe un jour pur,
Et que la vaste mer réfléchit dans son onde.
Voilà comme par toi se décore le monde.
Oh ! de quel saint transport mon cœur est agité,
Grand Astre ! Quand tes feux dans l’air ont éclaté,
Soleil ! quelle est ta pompe ! Oui, lorsque ta lumière,
Symbole radieux de ta beauté première,
Enflamme les forêts, les monts et les déserts,
Brille, et se multiplie en flottant sur les mers,
Je crois voir de Dieu même, au sein de son ouvrage,
Partout se réfléchir la glorieuse image ;
Et dans l’ombre du soir, ton globe moins ardent
Vient-il à se pencher aux bords de l’occident,
Qu’avec respect encor j’y retrouve l’emblème
Du souverain Moteur lorsqu’il fixa lui-même
A la création un terme limité,
Et rentra dans la nuit de son éternité !