Page:Chair molle.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

garçon très riche, s’était enmouraché de Lucie. Nina le connaissait bien, c’était celui qui buvait toujours des menthes à l’eau…

Mais Lucie Thirache aussitôt, se récria : Non, elle ne voulait pas, elle était très heureuse, dans son actuelle position, elle serait certainement beaucoup plus mal avec toujours un homme sur le dos.

Dosia riait :

— Bah ! Tu verrais bien quel plaisir que t’aurais. Et puis, tu sais, si ça t’embête de chanter, tu pourras lâcher le cornac ; Charles paiera ton dédit. Et il te donnerait tous les jours tes huit francs. C’est rudement chic, ça, tu sais !

— Il peut bien les garder ses huit francs. D’abord, j’ai pas envie de lâcher le cornac, j’aime encore mieux faire ce métier-là que de m’embêter avec un miché.

— Oh oui ! marche toujours, tu dis ça maintenant parce que ça t’amuse de chanter. Mais moi, ça commence à me scier le dos, un riche coup, et je rassure que, si Émile m’offrait ça, il n’y a pas de danger que je refuserais. Si tu savais comme je m’embête, ma pauvre fille, dans ce foutu pays. Je fais que de bâiller toute la journée.

— Eh bien, et Émile ? Il n’est donc pas drôle ?

— Oh, Émile, il passe la moitié de son temps à travailler ; alors il faut pas le déranger. Après